La sauvegardite aigüe: le pire T.O.C de l’auteur!
L’écrivain/scénariste, amis lecteurs, a beau être un véritable super-héros des temps modernes, il n’en demeure pas moins un petit être sensible, sujet à moult angoisses et manies qui lui empoisonnent l’existence. Oh, bien entendu, il préfère les appeler « rituels » mais il ne dupe personne, surtout pas le corps médical qui les classe, lui, sous l’appellation « Troubles Obsessionnels Compulsifs ».
Ça vous fait frémir de terreur? Attendez la suite ! N’écoutant que mon grand courage, je vais évoquer aujourd’hui le pire de tous ces T.O.C. d’auteur, à savoir la sauvegardite aigüe!
Oh, j’en entends qui rigolent là derrière leur écran, mais qui n’a jamais vu son/sa conjoint(e) effacer par erreur un disque dur dans un excès de zèle ne peut pas comprendre qu’un(e) auteur(e) doit affronter au cours de sa carrière des traumatismes qui pour un peu lui couperaient l’envie d’écrire! Je sais bien ce que vous allez me dire: il suffit de penser à sauvegarder régulièrement son travail et le tour est joué. Il n’y a vraiment pas de quoi en faire tout un article toute une histoire! Si vous croyez ça, c’est que vous n’êtes pas un(e) véritable auteur(e)!
Je possède pour ma part deux clés USB, que je dégaine plus vite que mon ombre et trimballe partout avec moi, un disque dur externe sur lequel je sauvegarde régulièrement tous mes fichiers (non parce que je suis photographe aussi, moi mes petits choux, ça prend de la place!), et ceux qui suivent mes tweets savent que c’est fort utile quand on doit reformater son disque et réinstaller tout Windows de façon impromptue (et répétitive, merci Dell!). Bien entendu, j’ai fini par céder aux sirènes du MacBook Pro, top mout mout, à la synchro iPad/iPhone via le cloud et tout le toutim.Croyez-vous que je me sois calmée pour autant? Que nenni, bahouette, QUE DALLE!!!
Je sauvegarde toujours mon travail quotidiennement sur clé USB, et hebdomadairement TOUT le contenu de mon Mac, via Time Machine, sur un disque dur externe, mais la vérité, chers lecteurs, c’est que comme nombre de mes confrères, même s’ils n’osent pas l’avouer, je cherche des solutions plus drastiques afin de protéger mes écrits d’éventuels cataclysmes:
- informatiques: le black-out final qui frapperait tout mon matériel en même temps, et tous les ordinateurs de la planète
- domestiques: incendie, inondation, gosses…
- climatiques: on n’est jamais à l’abri d’une bonne tornade, même en région parisienne, d’un tsunami ou d’un tremblement de terre (quoi?!!!)
J’ai recensé, au fil des ans, quelques solutions ingénieuses mais sans doute un poil drastiques qui m’ont été soufflées par des confrères/consœurs (inutile d’insister, je ne citerai aucun nom!). Je vous les soumets, des fois que ça intéresse l’un(e) d’entre vous:
- Se balader partout avec sa clé USB (même aux toilettes?!) donc, mais si on se fait agresser par un aspirant scénariste peu scrupuleux? A t-on le droit de courir un tel risque, je le demande? Efficacité: 7/10
- Se balader partout avec son disque dur externe, lié à son poignet par des menottes, et s’en servir pour assommer un éventuel aspirant scénariste mal intentionné. Efficacité: 9/10 (mais punaise, ce que c’est lourd!)
- Faire un dépôt SACD hebdomadaire de toutes ses œuvres mises à jour. Efficacité: 8/10 Très onéreux quand même! Et puis supposons qu’une bombe détruise les locaux de la SACD…
- Se faire tatouer toutes ses œuvres sur le corps, façon Michael Scofield mais je crains fort que ce soit long et onéreux, et puis les sauvegardes risquent de s’avérer douloureuses, ouch! Efficacité: 5/10
- Graver toutes ses œuvres dans le marbre, ou le placo de la cuisine mais bon, et si la maison brûle, ou qu’un cambrioleur/ scénariste refoulé passe par là?! Efficacité: 2/10
- Enregistrer toutes ses œuvres sur une puce électronique et se la faire implanter sous la peau, mais bon, là encore c’est compliqué pour les sauvegardes, à moins de subir une nouvelle intervention, disons tous les mois? Efficacité: 8/10
- Enregistrer toutes ses œuvres sur une puce électronique et la faire implanter sous la peau de son chat. Il reste le problème de la sauvegarde et surtout de la confiance relative que l’on peut accorder à son vétérinaire… Efficacité: 6/10
- Enfermer une copie de toutes ses œuvres dans un coffre-fort, dans une banque si possible, mais encore faut-il s’y rendre très régulièrement pour que le matériel reste à jour… Oui, mais si la banque se fait CAMBRIOLER, hein?! Efficacité: 7 /10
- Embaucher un assistant/bodyguard chargé de protéger 24 heures sur 24 les précieux écrits? Mouaif, ça risque d’être cher… Le mien d’assistant s’y refuse en tout cas. Efficacité: 3 /10
- Mémoriser absolument toutes ses œuvres, à la virgule près, dans sa petite tête. Et l’amnésie, vous y pensez? Et Alzheimer?! Efficacité: 5 /10 (mais à court terme)
Au final, aucune de ces solutions ne s’avère entièrement satisfaisante et le/la pauvre auteur(e), quel que soit son profil, reste livré(e) à ses angoisses de créateur. Ah la la, ça fait beaucoup de soucis pour un travail qui n’en est pas un, vous ne trouvez pas? Bon, je vous laisse, il faut que je sauvegarde cette chronique au plus viiiiiiiiiiiite!!!!! 😉
Copyright©Nathalie Lenoir 2015
Cet article a été publié en mars 2015 dans le cadre de la chronique « Bigger than fiction » du blog Scénario-Buzz.com.