Dix trucs pour draguer un(e) scénariste
Les belles-mères, banquiers, pharmaciennes et poissons rouges le clament haut et fort: les scénaristes ne sont pas des personnes fréquentables, pourtant, croyez-le ou non, certains hommes et femmes ne se laissent pas refroidir par ce genre d’arguments.
Et non, les scénaristes ne sont pas condamnés à se mettre en couple avec l’un(e) de leurs semblables, ça vous en bouche un coin, non? Je vais donc m’adresser aujourd’hui, Saint-Valentin oblige, aux détenteurs d’un « vrai travail » qui souhaiteraient séduire l’un(e) de ces écrivains de l’ombre. Voici dix astuces infaillibles…
La routine d’écriture d’un(e) scénariste a beau être la plupart du temps solitaire, ça n’implique pas forcément, n’en déplaise aux mauvaises langues fréquemment citées dans cette chronique, qu’il/elle soit dépourvu(e) de vie amoureuse ou familiale. Figurez-vous que certains individus des deux sexes, non seulement ne sont pas rebutés par les scénaristes, mais les trouvent même irrésistibles!
Ça vous surprendra peut-être (ça étonne beaucoup nos entourages respectifs en tout cas) mais je suis, pour ma part, mariée avec un individu qui n’est ni auteur, ni même intermittent du spectacle, non non, je parle d’un homme qui exerce une profession tout à fait respectable. Bon d’accord, je n’étais pas encore scénariste quand on s’est rencontrés mais je suis persuadée qu’il m’aurait épousée quand même (mon amour, si tu lis ces lignes, merci de confirmer…). Je connais certes plusieurs couples 100% scénaristes mais pas que…
Bref, le/la scénariste est hautement désirable, qu’on se le dise, c’est un être exquis, passionné, pourvu d’une grande susceptibilité sensibilité, d’une imagination débordante fertile et d’un sens de l’humour à toute épreuve. Forcément il lui en faut pour survivre dans cette jungle hostile qu’est le cinéma…
Vous rêvez de séduire l’une de ces perles rares? Voici quelques techniques d’approche pour captiver le cœur d’un(e) scénariste:
1. Apprendre à repérer cet animal étrange au sein de la vaste espèce humaine. Le/la scénariste vit la plupart du temps reclus(e) au sein d’une grotte, plus communément appelée bureau, l’œil fixé sur un écran d’ordinateur, le cul vissé à une chaise, entouré(e) de livres, DVD, chats et autres gadgets absolument inutiles, donc rigoureusement indispensables. Inutile de ferrer l’élu(e) de votre cœur dans une boîte de nuit à la mode, une soirée mondaine ou un plateau de tournage, il faut le/la débusquer dans sa tanière. Si vous ne parvenez pas la localiser son antre (non parce que le/la scénariste est un animal méfiant), essayez de fréquenter les avant-premières « indé », voire certains festivals… A noter que Facebook et Twitter sont de véritables viviers de scénaristes, je dis ça, je ne dis rien…
2. Amorcer une approche subtile. Inutile de prétendre avoir vu tous les films/téléfilms/documentaires underground/courts-métrages arty écrits par le/la scénariste car vous vous feriez rapidement prendre. Non, assumez au contraire votre statut de profane, tout en bidouillant un poil la réalité. Concrètement, ça donne quelques chose du genre: « J’ai toujours rêvé de rencontrer un(e) scénariste! Vous exercez un métier passionnant! Sur quoi travaillez-vous actuellement? » Attention de ne JAMAIS demander, en revanche, ce qu’il/elle a écrit « que vous auriez pu voir », ce qui équivaut pour un auteur au baiser de la mort!
3. Manifester un tant soit peu d’une cinéphilie que l’on pourrait qualifier de diplomatique: on ne dit pas « J’ai surkiffé The Social Network de David Fincher! » mais: « J’ai surkiffé The Social Network, ÉCRIT PAR Aaron Sorkin ET RÉALISÉ PAR David Fincher! » Vous saisissez la nuance?
Bon, jusqu’ici, rien de trop complexe mais les recettes qui suivent vont faire appel à votre capacité à pratiquer la psychologie inversée, c’est-à-dire à penser en scénariste et ça, permettez-moi de vous dire que c’est archi balèze:
4. Bidouiller un tant soit peu son CV afin de faire fondre les résistances de ce(tte) scénariste:
- Prétendre que l’on ADORE les chats, et que l’on compte d’ailleurs prénommer Sorkin celui que l’on adoptera prochainement
- Prétendre qu’on a vu au moins dix fois Adaptation, Barton Fink ou Le Mépris. Éviter par contre de citer Sunset Boulevard à tort et à travers, dois-je vous le rappeler? L’intrigue s’y termine très MAL pour le scénariste…
- Prétendre qu’on vénère les grands Dieux Truby et McKee, tout en sachant que c’est à double tranchant: certains auteurs les abhorrent au contraire…
- Prétendre que les vacances ça va, hein, mais à petites doses!
5. Demander à lire les œuvres de votre Valentin(e), mais surtout pas au premier rendez-vous, hein, il faut endormir la méfiance innée de l’animal. Lire attentivement son travail et faire l’effort de le commenter avec enthousiasme ET en argumentant. Comment ça c’est difficile? Mais on n’a rien sans rien mes p’tits choux!!!
6. Lui offrir de petits cadeaux ciblés. Bon, les chocolats c’est bien aussi mais bon…
7. Prétendre que l’on comprend ses perpétuels sauts d’humeur, bref, le/la soutenir au fil des hauts et des bas fulgurants de sa carrière.
8. Courtiser votre aimé(e) par écrit. Ben oui, hein, les auteurs aiment écrire mais aussi lire, autant vous y faire! Les plus courageux audacieux choisiront d’exprimer leur flamme par lettre ou email, les plus fainéants timides se rabattront sur Facebook ou Twitter…
9. Faire semblant de comprendre ses névroses d’auteur, les dédramatiser en somme. Prétendre qu’on est soi-même pétri de petites manies, de tics et de TOCS qui rythment les journées de travail. En rajouter une couche en prétendant que les gens « normaux » sont rasoir.
10. Lui faire croire que vous l’aimez précisément parce qu’il/elle est scénariste, pour son époustouflant ego cerveau quoi. Si vous vous demandez qui va gober une bêtise pareille, c’est que vous n’êtes vraiment pas fait pour séduire un(e) scénariste!
Bon, si avec toutes ces recettes millénaires, approuvées par la science et tout le toutim, vous ne parvenez pas à faire fondre le cœur de votre élu(e), il ne vous reste, j’en ai bien peur, qu’à changer radicalement de cible. Essayez de draguer, je ne sais pas moi, une belle-mère, un banquier, une pharmacienne ou un poisson rouge? 😉
Copyright©Nathalie Lenoir 2014
Cet article a été publié en février 2014 dans le cadre de la chronique « Bigger than fiction » du blog Scénario-Buzz.com.