En interview pour Focus Cinéma

Focus Cinéma filtre quotidiennement le contenu tentaculaire des blogs dédiés au septième art afin de proposer à ses lecteurs les articles d’experts, mais aussi de passionnés, qui lui semblent les plus pertinents, tenant compte des notations de ses membres.

Scénario-Buzz faisant partie des blogs les plus populaires sur cette plateforme, l’équipe de Focus Cinéma m’a demandé de répondre à une interview carrière. 🙂


Focus Cinéma

crédit photo: Katia Maeder

Bonjour Nathalie et merci d’avoir accepté cet entretien! Pourrais-tu commencer par présenter ton parcours en quelques mots ?

En quelques mots ce sera un challenge, car comme la plupart des auteurs mon parcours a été sinueux. 😉

J’écris depuis ma plus tendre enfance mais ne comptais absolument pas en faire un métier, malgré les encouragements d’un professeur de lettres qui avait semble t-il décelé un potentiel. Ce qui était certain en revanche, c’est que j’allais vouer ma vie au cinéma. Ne faisant pas partie du sérail et n’ayant pas de soutien familial, j’ai du me débrouiller seule, et très tôt. Le métier de comédienne me semblait le plus accessible, permettant notamment de travailler aussitôt. Adolescente, j’ai fait le Cours Florent, jouant des petits rôles au cinéma et au théâtre. Cela m’a surtout permis d’écrire mes premières pièces et scénarios et de toucher à la mise en scène. A peine diplômée je savais que je voulais être derrière la caméra, pas devant.

Nouvel écueil: j’étais encore trop jeune pour entrer dans une école comme le Conservatoire d’Ecriture Audiovisuelle et j’avais un enfant. Retour à la case « débrouille » donc. Je me suis formée seule, mais de façon hyper assidue, à la dramaturgie, lisant à peu près tous les ouvrages me tombant sous la main et suivant des cours online sur des sites anglo-saxons.

J’ai commencé en parallèle à écrire pour des sites dédiés au cinéma et pour la presse papier. J’ai aussi rencontré un premier jeune réalisateur, qui m’en a présenté un second, et ainsi de suite. J’ai co-signé un documentaire pour CinéCinémas, quelques courts-métrages qui ont tourné dans des festivals, on m’a engagée sur une série d’animation. Même s’il y a eu des hauts et des bas financiers, je n’ai jamais arrêté de travailler depuis et après une dizaine d’années au service des univers de cinéastes, j’ai enfin pu me lancer dans la réalisation en 2014.

Pourquoi t’être lancée dans l’aventure de la blogosphère ?

La première raison est toute simple. Quand j’ai débuté ma carrière de scénariste il n’existait que très peu de ressources francophones concernant ce métier, quand l’offre anglo-saxonne était déjà très riche. Il y avait clairement quelque chose à faire sur notre sol…

J’ai d’abord blogué pour une plateforme qui s’appelait Nidinfo, puis en 2010 j’ai créé Scénario-Buzz. Les audiences ont grimpé en flèche.

La seconde raison est purement militante: j’aime ma profession et elle est vraiment malmenée en France. Je suis convaincue que pour améliorer les conditions de travail des scénaristes français, il faut (notamment) qu’ils sortent de l’ombre, que le public prenne conscience qu’un film (ou une fiction TV) cela s’écrit. C’est un vrai travail d’expert et il doit être valorisé en tant que tel.

On sait que dans tes articles, tu aimes te rendre “Dans le bureau” de scénaristes célèbres et explorer leurs méthodes de travail. Qu’y a -t-il dans le bureau de Nathalie Lenoir ? As-tu des rituels à respecter pour écrire ?

Dans le bureau de Nathalie Lenoir il y a des livres du sol au plafond, trois chats et beaucoup de bordel: souvenirs, photos, collection de vinyles, gadgets en tous genres…). 😉

J’ai pas mal de rituels et fétichismes d’écriture. Hors rendez-vous professionnels, j’écris tous les jours de 8 ou 9 heures jusqu’à 19 heures. Le soir et le dimanche, je travaille sur mon blog. Je commence tous mes projets par des recherches intensives, puis je passe par une longue phase de prises de notes à l’écrit, dans un cahier d’inspiration. J’y colle des images, y rédige observations, listes, bios et psychologie des personnages. Je détermine la structure du futur récit et ce n’est qu’ensuite que je passe à la rédaction sur mon ordinateur.

Si tu avais seulement trois conseils à donner à quelqu’un qui voudrait, comme toi, vivre de sa plume ?

Premièrement, travailler d’arrache-pied, sans aucune complaisance. Que l’on ait ou pas l’opportunité de suivre une formation, il faut apprendre la dramaturgie et s’y exercer avant de vouloir vendre ses écrits.

Ensuite, ne jamais compter sur le soutien de son entourage, ou tout du moins en dépendre. Il faut en revanche sortir au plus vite de l’isolement du jeune auteur, susciter des rencontres via des associations, des festivals…

Enfin être vraiment tenace, parce qu’il faut de longues années avant de vivre de sa plume. Neuf projets sur dix ne voient pas le jour, il faut savoir multiplier ses chances en lançant beaucoup de sujets.

Certains aspirants auteurs se demandent à quel moment on sait qu’il faut jeter l’éponge. Le simple fait de se poser la question contient un gros élément de réponse. On écrit pour soi, parce que c’est une urgence vitale. Je crois qu’en définitive l’écriture nous choisit plutôt que l’inverse.

Quels sont tes prochains projets ?

En tant que scénariste, j’ai un unitaire TV en développement et je viens de signer pour une série d’animation pour adultes. En tant que réalisatrice, je prépare mon premier long-métrage, Quelqu’un qui m’aimera toujours.

Selon toi, quels sont les avantages d’une plateforme telle que Focus-Cinéma.com ?

Les ressources du Net sont tellement vastes que cela décourage maints Internautes dans leurs recherches. Le principe de plateforme me semble répondre à leurs besoins, surtout quand elle dédiée à une seule thématique.

Merci beaucoup d’avoir accepté de nous répondre !

Merci à toi pour le coup de projecteur. 🙂

Découvrez cette interview et près de 12 000 auteurs cinéma sur la plateforme Focus Cinéma.

Copyright©Nathalie Lenoir 2015