Le métier d’agent de scénariste vu par Marie-Servane Bargy, volume 2


Suite de la série d’entretiens avec mon agent Marie-Servane Bargy. C’est quoi, un agent de scénariste? Que cherche t-il chez un auteur qu’il représente? Comment agent et scénariste collaborent-ils? Comment bien choisir son agent? Voici de précieuses infos pour les wannabe scénaristes, mais aussi un pertinent éclairage qui, je l’espère, suscitera le débat entre pros…

Après avoir abordé les spécificités de la représentation d’auteurs, voyons comment Marie-Servane perçoit les forces, mais aussi les failles de la relation de travail agent/scénariste.

A quel moment de sa carrière un(e) scénariste peut-il raisonnablement songer à démarcher des agents ? Avec quel « matériel » ?

Tout dépend de ce qu’il attend de l’agent. Mais a minima, je pense qu’un jeune scénariste doit :

▪ Pouvoir attester d’un minimum de formation ou d’expérience de l’écriture.

▪ S’être intéressé au métier par lui même (association, festivals, livres, avoir regardé les œuvres télévisuelles et cinématographiques françaises aussi…)

▪ Avoir des projets personnels à faire lire, non pas son œuvre en 4 tomes, mais des projets sous forme de synopsis ou de dossiers de présentation en quelques pages. Plus court ce sera, plus vite vous serez lus !

▪ Et montrer une véritable envie de devenir scénariste.

L’agent est une aide potentiellement précieuse, un accompagnateur, un boosteur de carrière parfois, un rempart, mais il ne faut pas oublier l’acteur essentiel de cette carrière : l’auteur lui-même. De mon point de vue, l’auteur doit rester le moteur de la collaboration et l’agent à son service.

Il n’y a donc pas de règle même s’il est communément admis qu’il est plus facile de démarcher un agent lorsqu’on a un contrat en perspective (qui limite donc la « prise de risque » de l’agent). Malgré tout, je crois qu’un auteur qui sait ce qu’il veut et où il veut aller, qui connaît ses qualités et ses lacunes et a conscience de là où il en est par rapport à sa carrière sera plus attirant qu’un auteur « en errance » qui attend qu’on lui commande un texte pour s’y mettre. Mais c’est logique : comment veux tu aider quelqu’un à atteindre un objectif si cet objectif n’est pas déterminé !?

Quelles sont les erreurs rédhibitoires que commettent les aspirants scénaristes lors de leurs démarches ?

Le mot « rédhibitoire » est un peu dur, car tout le monde a commencé et a commis des maladresses dues à la timidité, à un manque d’aisance ou de connaissance. Et on continue d’en faire des « boulettes » tout le long du chemin !!! Il faut désacraliser le sacro-saint agent ! Ce n’est ni un monstre, ni un dieu ! C’est un collaborateur, un être humain lui aussi.

Ce qui est récurrent avec des tous jeunes scénaristes, c’est cette sorte de super-pouvoir qu’ils attribuent aux agents et la sensation qui va avec d’être au final, un monstre. C’est quelque chose que je vis beaucoup en festival. Certains grands débutants semblent penser que si je leur parle, les lis ou je ne sais quoi, leur vie va changer du tout au tout. Comme si grâce à un simple claquement de mes doigts magiques, par mon influence surpuissante, ils allaient devenir scénaristes du jour au lendemain, et très riches bien entendu ! Ils me pitchent leurs projets à 5 heures du matin, ou derrière la porte de toilettes, il faut qu’ils me parlent. J’ai beau leur expliquer que je ne suis que moi, que je ne suis pas faiseuse de miracle, rien n’y fait. Ils insistent. Mais je ne réponds pas à leur attente (et pour cause !) et il leur reste cette impression amère d’avoir été snobés, qu’on leur a refusé cette magie qui à moi ne coûte rien mais changerait tout pour eux.

L’erreur est donc d’oublier qu’être agent, c’est aussi un métier, un parcours, une carrière qui se construit peu à peu. Que même les plus influents de mes pairs ont travaillés dur pour accéder à ce « pouvoir ». Et que s’il suffirait d’un coup de fil donné par certains pour vous faire rencontrer Spielberg, ils ne sont pas tenus de le faire, encore moins pour des personnes qu’ils ne connaissent ni d’Adam ni d’Eve. Ce qui peut devenir rédhibitoire pour le coup, c’est de démarcher spontanément un agent que vous ne connaissez pas (ou un producteur d’ailleurs) en considérant qu’il vous doit quelque chose : une réponse, une lecture, un conseil, etc. En se mettant à la place de son interlocuteur juste un instant, en général on évite ce type de comportement peu engageant.

D’ailleurs, être scénariste, c’est aussi exercer un véritable métier. « Le cinéma ce n’est pas un truc qu’on fait comme ça comme on fait de la danse ou du judo. Si t’aime vraiment le cinéma, va t’acheter une carte UGC, ça t’évitera bien des mésaventures »*. Il y a des contraintes, des exigences, un marché, des côtés formidables et d’autres moins drôles, comme dans tout travail. Les aspirants scénaristes ne retiennent parfois que ce qui les arrange, tout semble toujours plus facile pour les autres qui ont eu de la chance, eux. Ils ont eu la chance d’avoir du talent, ou le talent d’avoir de la chance ? La chance ça se provoque, ça s’exploite, en ayant travaillé souvent longtemps au préalable. A mon sens rien n’arrive sans rien. Si on regarde bien les « légendes » qui circulent dans le métier, on s’aperçoit vite que les choses n’arrivent pas tout à fait par hasard. Il faut savoir se remettre en question parfois, souvent.

Si on caricature un scénariste aspirant, pour lui les données sont simples: soit celui qui est reconnu a eu de la chance, c’était facile pour lui ; soit (enfin on l’entend souvent), ce qu’il écrit c’est vraiment nul et notre caricature pourrait mieux faire, à l’américaine. De toutes façons, notre caricature n’a pas la télé parce que ce qui se fait en France « c’est de la M… ». Là aussi, soulignons à la caricature que dénigrer les autres et le monde professionnel auquel il aspire n’est pas forcément la meilleure stratégie à priori. Nous avons bien conscience que notre caricature souhaite révolutionner tout ça, mais peut être que pour révolutionner un système il est utile de le comprendre et l’intégrer au préalable non ?

A part ça, notre caricature est paranoïaque et peut aller jusqu’à ne pas vouloir transmettre ses projets de peur de se les faire piquer, n’ira pas en rendez vous avec un producteur à moins d’être sur qu’il y a un contrat à la clé parce qu’il n’a pas que ça à faire, veut d’ailleurs avoir le même MG que Thomas Bidegain même s’il ne sait pas ce qu’est un minimum garanti et négocier de gros pourcentages sur l’option, il écrira seul son 8 x 78 minutes (non le format n’existe pas mais FTV va créer une case), le réalisera à la Audiard et jouera dedans (Alexandre Astier a pu le faire alors il ne voit pas pourquoi on lui refuserait.). Et pour finir, il changera de projet parce qu’il ne se sent plus tellement en adéquation avec ce qu’il avait écrit. Quoi ? Son agent a déjà envoyé le texte ? Pfff… il a voulu aller beaucoup trop vite celui-là encore! De toutes façons un agent ça sert à rien à part te piquer 10%. C’est comme les prods d’ailleurs, ils ne répondent jamais et ne comprennent rien à ses projets, c’est pour ça qu’il va monter sa propre boite de prod, ce sera plus simple.

Bref, notre caricature est la caricature des caricatures, il cumule ce pauvre aspirant ! Et sa réputation nuit aux vrais « aspirants scénaristes ». Il y a pourtant de jeunes auteurs talentueux, travailleurs, réalistes, humbles, curieux, respectueux, à l’écoute, qui donnent envie d’aller plus loin. Ils sont le cinéma et la télévision de demain, ils ont un regard neuf, des plumes originales. Ce sont les usurpateurs, les aigris avant l’heure qui font perdre patience et donne envie de fermer la porte aux plus jeunes. Mais tous les « jeunes » ou encore peu expérimentés ne sont pas à mettre dans le même panier.

Cela fait 3 ans maintenant que nous animons avec Christelle George, une scénariste de l’agence, un « espace » dédiés aux « auteurs émergents » au festival des Scénaristes de Valence. Chaque année, c’est 110 aspirants scénaristes. Chaque année, nous tâchons pendant 3 ou 4 jours, de transmettre des outils aux plus jeunes. Et chaque année, nous sommes poursuivies par des pitchs à pas d’heure, par des demandes improbables et des « tu dois, t’es là pour ça ». Mais chaque année, il y a aussi et surtout de formidables rencontres avec de jeunes scénaristes brillants, motivés et motivants. Et d’années en années, c’est un plaisir réel de les retrouver et de constater qu’ils avancent. Alors, petit appel aux producteurs et agents, en avril, venez rencontrer les Bleus du Festival International des Scénaristes de Valence. (Et petit « coucou » au passage à tous les ex-bleus, bleus et futurs bleus !!!).

Quelles sont les qualités nécessaires pour réussir une carrière de scénariste ? Suffit-il de bien écrire ?

Outre les qualités artistiques, créatives, et de technique scénaristique (la dramaturgie, les dialogues, la structures, la psychologie des personnages etc…), il faut avoir un regard sur le monde qui nous entoure, une vision à proposer. Pas nécessairement révolutionnaire, mais néanmoins quelque chose à dire, à exprimer. Cela paraît basique, mais je lis parfois des histoires qui, selon moi en tous cas, ne racontent rien.

Mais plus largement, je suis intimement convaincue qu’un scénariste doit cumuler les qualités de l’artisan et de l’entrepreneur. C’est à dire que le scénariste doit acquérir un savoir faire et proposer son interprétation du monde d’une part mais d’autre part, agir pour faire connaître son oeuvre et son talent, créer le désir. En d’autres termes, pour aller vers une plus grande liberté artistique, il doit être identifiable et identifié (être une « marque » ou un « nom »), creuser un réseau (collaborateurs, clients, acheteurs, partenaires), avoir une stratégie, promouvoir son œuvre et sa personnalité, communiquer, se vendre, pitcher, marketer, rassurer, etc. Bref, ce que j’appelle être entrepreneur.
Souvent j’entends des scénaristes dire que leur travail, c’est « juste » d’écrire. Pour moi il s’agit de leur savoir faire, de leur art principal, pas de l’intégralité de leur métier. Il ne suffit pas d’écrire pour être scénariste. En 15 ans, je n’ai pas rencontré de scénariste écrivant seul chez lui, sans échanger avec un producteur, un co-auteur ou un réalisateur par exemple ; ni un producteur commander un texte à quelqu’un qu’il ne connaît pas d’une manière ou d’une autre. Je ne crois pas qu’un scénariste ou un réalisateur puisse travailler sans rencontrer et donc démarcher ou « se vendre » à un moment ou à un autre.
Enfin, au delà de la compétence ou du talent, les qualités humaines me semblent primordiales sur long terme en tous cas ! La sympathie, l’intérêt et le respect pour l’autre, la capacité à travailler en équipe, la générosité, l’adaptation, l’écoute, du SELF CONTROL !!!!, le goût du challenge, la capacité à rebondir, l’humilité, la pugnacité, la ténacité, la persévérance, l’endurance, une force de caractère et une conviction qui font que malgré « l’hiroschimesque* » qui surgit parfois, ces sentiments d’injustice et d’adversité, on ne se laissera pas abattre. On y retournera malgré tout ! Et dans tout cela, une part d’enfant préservée et très vive, beaucoup beaucoup beaucoup d’enthousiasme et de capacité à s’émerveiller !

Comme tous les métiers que l’on a envie de bien faire et qui ne sont pas motivés par l’unique désir de profit, il faut être passionné et aimer ce que l’on fait! Non ? Si l’on a pas de plaisir à quoi bon ? Le pognon ? Je ne suis pas sûre qu’il faille miser à priori sur le métier de scénariste pour cela. Si c’est un but en soit, cela risque d’être très douloureux… Et peut-on seulement bien écrire sans plaisir ? (vous avez 2 heures, je relève les copies à la sonnerie

A quel moment un auteur doit-il, selon toi, jeter l’éponge ?

Hou là !! C’est propre à chacun et je me garderai bien de dire à quelqu’un d’abandonner ou que ça ne marchera jamais !! Et puis Dix pour cent m’a fourni une réplique cultissime pour les remises en questions :

▪ « Qu’est ce que tu fais ?
▪ Je doute.
▪ Tu veux un jus de carotte ? »

Il y a des indices pour remettre en cause sa vocation : le manque de plaisir, le besoin de régularité ou de sécurité financière, la lassitude face à des projets qui ne passent pas, la révolte, la jalousie, un début d’aigreur… bref. C’est un métier que l’on choisit (curieusement les parents mettent rarement la pression aux enfants pour qu’ils deviennent scénaristes !) Donc si ce choix ne nous épanouit pas, il faut se poser des questions. (Je précise que l’épanouissement n’est pas incompatible avec d’énormes coups de gueules ou de ras le bol, l’envie de tout envoyer bouler tous les 6 mois !!!)

Mais avant d’être radical et de tout envoyer balader, peut être faut il chercher à comprendre ce qui ne fonctionne pas. Sont ce mes projets ? Mon écriture ? Mes choix de sujets ? Mes présentations de projets ? Mes démarches ? Ma manière d’aborder les autres ? Mes pitchs ? Que sais-je. Il y a tellement de choses à travailler ! Et bêtement, il arrive parfois que l’on sature, que l’on ait besoin d’une pause ou d’une simple soupape, financière par exemple. Nombreux sont les jeunes scénaristes qui ont un job à côté pour leur permettre justement de continuer le métier. A chacun de trouver les moyens de continuer.

Ceux que j’ai vu jeter l’éponge, ce sont surtout de jeunes scénaristes qui s’étaient donnés un délai d’un an ou deux à fond pour « y arriver ». Le plus souvent ce « y arriver » sous entend « gagner sa vie », comme dans la vie « normale ». Sauf qu’il n’étaient pas près (au début en tous cas) à aller sur des projets d’autres personnes, à collaborer avec des auteurs plus aguerris, à envisager la télévision en parallèle du cinéma etc… Ils ont généralement beaucoup investi en temps de développement de projets personnels, mais ont en revanche peu entrepris. Ils cherchent alors partout des « plans » pour les sauver, des commandes qui leur permettront se sentir enfin reconnus mais qui n’arrivent pas, car ça ne fonctionne pas vraiment comme ça.

Certains reviennent plus tard, plus sereins, car ils sont définitivement auteurs et savent désormais à quoi s’attendre, d’autres sont très heureux ailleurs, en écrivant sur d’autres médias, ou plus du tout.

Qu’est-ce qui prime, en définitive, quand tu essaies de vendre un projet, le sujet en lui-même ou son auteur ?

J’aimerais te répondre le projet et uniquement le projet. Au tout début de Synapsis, je croyais tellement que c’est ce qui comptait le plus et primait sur tout, que je voulais avoir un positionnement « d’agent de projet ». En fait, je rêvais d’envoyer les textes d’abord anonymement aux producteurs pour ne parler que d’écriture, de leurs qualités intrinsèques, de leurs potentiels, de leurs originalités. Naïveté de nouvelle entrante voulant révolutionner le monde.

Le fait est qu’on fait plus facilement briller les yeux d’un producteur avec le nom d’auteur reconnu qui a écrit quelques pages voir quelques lignes, qu’avec un traitement d’un débutant (bien écrit j’entends !). Non pas que les producteurs ne s’intéressent pas au projet en lui même, je pense qu’ils seraient nombreux à se réjouir de ne pouvoir miser que sur le projet également, mais il y a une réalité de marché, les « noms » rassurent les chaines et les distributeurs. C’est arrivé à un point où certaines chaines imposent des auteurs, éjectant parfois les auteurs originaux de leurs propres créations.

Si le producteur réagit plus facilement à un « nom » d’auteur, c’est donc parce qu’il sait qu’il pourra le « vendre » à la chaine, mais aussi, s’il s’agit d’un projet encore peu développé, parce qu’il est lui même rassuré par la capacité de l’auteur à aller jusqu’au bout du projet. En effet, quand on vend un projet à un producteur, l’idée est que ce soit l’auteur original qui le développe. Or si l’auteur est un débutant qui n’a jamais rien signé et/ou écrit, le producteur ne peut pas juger en amont des compétences et du talent de l’auteur pour dialoguer par exemple. Pour pallier à cela, une solution consiste souvent à créer un duo jeune scénariste/ scénariste expérimenté ou scénariste / auteur réalisateur. C’est un échange de bons procédés qui fonctionne admirablement bien en télévision notamment.

Quant au sujet, je dirai que c’est l’angle sous lequel il est traité qui est absolument essentiel. Beaucoup de sujets sont vus et revus (la famille, le couple, le travail, la guerre, la mort, la vengeance, l’amour, etc…) mais l’angle choisi par l’auteur pour les aborder va créer la nouveauté et l’originalité. Certains sujets font peur mais grâce à l’angle choisi et à la manière dont l’auteur à incarné sa problématique principale, on arrive à faire passer les projets. J’ajouterai que la maîtrise du sujet par l’auteur est également un véritable argument, sa légitimité à en parler. Regarde l’exemple de « Dix pour cent » !

Conclusion, ce qui compte pour intéresser un producteur à un projet, c’est un peu tout à la fois, l’alchimie de l’ensemble, sa cohérence. Au pitcheur de savoir ménager ses effets en fonction des atouts du projet!

Pour ma part, je ne « vends » pas les projets, car je ne suis qu’agent ! Je suscite l’intérêt, j’essaye de provoquer une rencontre entre le producteur et l’auteur sur la base d’un projet. C’est alors à l’auteur de se vendre, de rassurer, de montrer l’intérêt du projet, de vérifier également la cohérence de la vision du producteur avec sa propre vision du film, d’évaluer sa capacité ou son envie de travailler avec le producteur présenté (et réciproquement). En clair, si un auteur et un producteur ne se « plaisent » pas, si le rendez vous entre eux se passe mal, je pourrai faire tout ce que je veux, je ne « vendrai » pas le projet ! C’est donc bien l’auteur qui vend son projet ou non.

Est-ce que certains auteurs « compliquent » le travail de leur agent ? De quelle façon ?

Ceux qui compliquent le travail de leur agent, je pense que ce sont surtout ceux qui n’ont pas conscience que leur agent travaille de la manière dont il travaille, qui ne sont pas en confiance avec leur agent. C’est bien souvent un problème de communication. C’est ce qui est compliqué et passionnant à la fois, ce sont les rapports humains !

Il m’arrive de pester un instant contre des auteurs qui me disent de ne pas envoyer tel projet parce qu’ils ont décidé de le reprendre alors qu’il est déjà envoyé, il peut y avoir des malentendus, mais cela ne dure pas très longtemps en général. Et il ne faut pas croire, j’ai mon caractère et ma susceptibilité également ! Agents… avez vous donc une âme ? Ben oui ! Si j’ai rarement complètement tort, ils peuvent aussi avoir un peu raison ces auteurs compliqués…
En revanche, des auteurs intimidés, maladroits et voulant absolument bien faire font l’inverse de ce qu’il faudrait en rendez vous ! Ils se sabordent eux mêmes. Mais là aussi, les producteurs ont l’habitude et savent bien à qui ils ont à faire. Nous en discutons ouvertement, et cela se passe bien la plupart du temps. Le deuxième rendez vous est plus détendu.

En fait, je ne travaille pas ou rapidement plus avec des auteurs compliqués car j’estime que mon rôle est celui d’un facilitateur et que nos objectifs communs paraissent parfois si difficiles à atteindre que ça ne vaut vraiment pas la peine de nous obstruer le chemin nous mêmes. La collaboration auteur/agent doit être un plaisir également. Je règle donc souvent rapidement la question car j’aime que les choses soient claires et je ne suis pas d’accord pour faire ou cautionner n’importe quoi. Je préfère cesser la collaboration.
Par exemple, j’ai arrêté de travailler avec un auteur qui me demandait, dans le dos de son propre co-auteur qu’il considérait comme nul et que je représentais également, d’envoyer une version d’un texte que le dit co-auteur n’avait pas écrite, l’auteur considérant que la version écrite par lui seul était bien meilleure. Le co-auteur de son côté, considérait que l’auteur était has been etc… et lui même aurait voulu dégager l’auteur du projet. Ils n’avaient en fait pas du tout la même vision du film. Donc là, en effet, ça devenait compliqué, mais surtout très chronophage et totalement contre productif !!! J’ai donc non seulement refusé d’envoyer le projet, mais j’ai prévenu chacun des auteurs que s’ils ne réglaient pas leur conflit, je refusais de m’en occuper. Comme l’un et l’autre a considéré que je ne le défendais pas et que je ne faisais pas mon boulot, nous avons donc arrêté de travailler ensemble. Ils avaient de l’expérience, savaient écrire un scénario c’est indéniable, mais ce ne sont pas les genres de rapports qui m’intéressent, du tout.

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