Mes top & flops cinéma 2017
Je n’ai aucune prétention d’avoir un goût universel, ni de pouvoir graver dans la pierre quels sont les meilleurs ou les pires films de l’année, loin s’en faut. Mais puisqu’un blog sert avant toute chose à partager, je voudrais revenir sur mes gros coups de cœur, quelques jolies surprises… et grosses déceptions de 2017.
Petit rappel à l’usage de mes lecteurs de fraiche date: chaque année on me demande pourquoi ne figurent que des films étrangers, ou presque, dans ma sélection annuelle. Que les choses soient claires, je ne méprise aucunement le cinéma hexagonal, bien au contraire, c’est lui qui me fait gagner ma croûte, hein. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il serait très mal venu de critiquer le travail de tel ou tel confrère, if you see what I mean… Lorsqu’on connait l’envers du décor de la création cinématographique made in France, que l’on sait quel parcours du combattant il faut traverser pour voir un projet de film finalement à l’écran et quel sort est réservé au scénario, on se dit que certains films, même imparfaits, ont le grand mérite d’exister.
Cette année, j’ai découvert une centaine de films en salles, carte illimitée oblige, dont un gros tiers d’oeuvres françaises. J’en ai hélas aussi raté pas mal, puisque les films d’auteurs sont mal distribués sur notre sol, ne sortant qu’une semaine et dans trois salles, sans aucun effort de promotion… 🙁
Bon, trêve de blabla, roulements de tambour et bilan de cette cuvée 2017 qui d’une manière générale, m’a pas mal déçue:
Mes gros coups de foudre:
Impossible de ne pas débuter ce compte-rendu par le magique La La Land de Damien Chazelle, que j’ai vu… dix fois! Sept fois en salle puis trois en DVD, et force est de constater que c’est un film qui gagne vraiment à être savouré sur grand écran. Ce La la land effect est d’autant plus frappant que j’ai en général peu d’intérêt pour les comédies musicales, et encore moins pour les films dits « sentimentaux ». C’est la modernité et le cynisme de ce vibrant hommage technicolor au septième art qui m’ont frappée en plein coeur. Ce délicieux bonbon cinématographique m’a rappelé mes premières émotions de spectatrice, enfant, et pas mal de souvenirs d’une vie consacrée au cinéma. Je ne vous raconterai pas combien de paquets de kleenex j’ai flingué devant ce film, ni combien de fois j’ai joué au piano les morceaux de la BO, c’est indécent. Et puis, quelle belle leçon de mise en scène!
Cela dit, mon plus gros coup de coeur de l’année, qui illustre le chapeau de l’article, reste l’American Honey d’Andrea Arnold. Parce que c’est définitivement l’une de mes cinéastes cultes, de mes mentors et que ses films entretiennent ma passion et ma rage pour un cinéma qui a du fond. 😉 J’ai trouvé particulièrement intéressant de voir se frotter cette cinéaste à l’ADN 100% anglais à l’Amérique profonde, bel exercice de style qu’elle relève haut la main. Et incroyable casting/direction d’acteurs, une fois de plus. La jeune Sasha Lane y est juste éblouissante.
Et en parlant de cinéaste britannique, j’ai été totalement bluffée par le vénéneux Lady Macbeth de William Oldroyd, notamment grâce au scénario co-signé par Nikolai Leskov et Alice Birch. Quel superbe portrait de femme, tout en nuances, qui prouve, une fois de plus qu’on peut faire aimer au spectateur des personnages amoraux, voire monstrueux. Si seulement le message pouvait passer sur notre sol… Dans un registre très proche, j’ai beaucoup aimé l’adaptation de My Cousin Rachel par Roger Michell, même si la réalisation du film manque un poil de personnalité.
Parmi les films qui m’ont réjouie formellement, en revanche, le sublissime Nocturnal Animals de Tom Ford truste la première marche du podium, suivi de près par Love Hunters de Ben Young et le bouleversant A Ghost Story de David Lowery. Autre grosse baffe cinématographique devant A beautiful day de Lynne Ramsay, et mention spéciale pour Thelma de Joachim Trier. C’est précisément pour découvrir ce genre de films que je m’en fade parfois de très mauvais. ^^
Et en parlant de belles découvertes, je suis tombée sous le charme de The Fits d’Anna Rose Holmer, de la bouleversante Patti Cake$ de Geremy Jasper et du délicieusement déjanté Fantastic birthday de Rosemary Myers. J’ai aussi été scotchée par le Get Out de Jordan Peele. Autant vous dire que je vais suivre ces jeunes cinéastes de très près.
Dans la catégorie documentaire, énoooorme kiff devant le Gimme Danger de ce cher Jim Jarmusch, décidément au top de sa forme.
Et dans la catégorie « ressorties », quelle bonheur, quelle émotion, de voir l’un de mes films favoris, Diabolo Menthe de Diane Kurys, pour la toute première fois en salle. Un moment très fort!
Et parce que je suis loin de bouder un blockbuster quand il est de qualité, énormes marrades devant la suites des aventures des agents de Kingsman et de mes bien aimés Guardians of the Galaxy. Belle surprise, aussi, que The Boss Baby, que je suis pourtant allée voir à reculons. Et en parlant de bébé, merci, une fois encore à ce cher Edgar Wright pour son coolissime Baby Driver!
Et puisqu’il est question d’action et de gros budgets, passons au plat de résistance, l’épisode 8 de Star Wars, que j’ai vraiment beaucoup aimé. Malgré une sous-intrigue mollassonne (celle qui concerne Finn), quelques fautes de goûts (Leia channeling Star Lord, non mais sérieux!), il faut bien reconnaitre que la mise en images de Rian Johnson est badass. En bonne Star Wars freak, je me suis ruée à la toute première séance (un sacré spectacle, dans la salle itou) et compte bien revoir le film cette semaine.
Les coups de coeur (ou presque):
Dans la série retour en force, j’ai été ravie que M. Night Shyamalan sorte enfin de sa phase mystico-megalomane. Après un The Visit très honorable, il nous est revenu au top de sa forme avec Split. Je suis un poil inquiète quant à son cross-over Split/Unbreakable en revanche, wait and see…
Steven Soderbergh revient au top, lui aussi, dire qu’il songeait à la retraite! Son Logan Lucky, déclinaison redneck d’Ocean 11 et pour le coup, bien plus sociale/émouvante, est une pépite. Et dans la série « grand petit film sans prétention », j’ai beaucoup aimé le Wind River de Taylor Sheridan.
J’aimerais en dire autant de The Snowman, certes paresseux en terme de scénario, mais bien moins catastrophique qu’on a voulu nous le faire croire. Tomas Alfredson est quand même un excellent cinéaste.
Même acharnement des critiques sur Blade Runner 2049, qui ne démérite pas tant que ça. L’exercice était certes casse-gueule, voire suicidaire, et je dois dire que j’apprécie plus la proposition de Denis Villeneuve en la dissociant du film original (l’un de mes panthéons filmiques). Visuellement, cette suite fait méchamment la blague et elle a le mérite de traiter un aspect tout juste survolé dans Blade Runner: le point de vue des Répliquants. A ce titre, j’ai trouvé Ryan Gosling très émouvant, mais on va encore m’accuser de midinette-attitude. 😉
S’il est un cinéaste pour lequel il reste peu d’espoir, en revanche, c’est bien Terrence Malick. J’ai beau adorer ses premières oeuvres, il a beau réunir à l’écran Michael Fassbender et Ryan Gosling (double gniiiiiiii! donc), son Song to Song sonne bien creux. En parlant de Fassy, qui malgré son immense talent ne fait pas que des bons choix de rôles, il a prouvé, dans Trespass Against Us d’Adam Smith qu’il n’est jamais aussi génial que dans des films intimistes.
Quelques jolis biopics, cette année, alors que l’exercice est casse-gueule. Hidden figures est sans doute celui qui m’a le plus touchée, talonné de près par Jackie, film qui a le grand mérite de brosser un portrait subtil, et parfois à charge, d’une figure mythique de l’histoire contemporaine. Concernant Loving, je suis nettement moins enthousiaste. Le sujet est certes bouleversant et les acteurs fabuleux, mais Jeff Nichols nous a habitués à tellement mieux…
Et puisqu’il est question de la grande Histoire dans la petite, ou vice versa, Dunkirk est un grand film en terme de mise en scène, nettement moins en matière de scénario/caractérisation. Christopher Nolan est, lui aussi, capable de mieux. Mention spéciale pour 20th Century Women, leçon d’histoire/sociologie un poil maladroite mais touchante.
Quelques belles surprises, du côté des supers-héros, Wonder Woman en tête. Ce film est un miracle, parce qu’il repose sur un personnage féminin, plutôt bien brossé, parce qu’il est réalisé (avec brio) par une femme malgré son budget pharaonique, mais aussi au vu du naufrage artistique des récentes adaptations ciné des franchises DC Comics. Bravo Patty Jenkins, vivement le second opus!
Autre prise de risque, autre réussite, le Logan de James Mangold a du chien, du loup en l’occurence. Après deux précédentes origin stories insipides, le personnage de Wolverine prend toute sa dimension dans ce chant du cygne crépusculaire. Bel exercice de style. Et pour rester dans l’univers Marvel, mention spéciale à Thor: Ragnarok. Alors que j’ai détesté les deux premiers opus, ainsi que les films Avengers, j’ai jubilé devant la punkitude foutraque de ce nouveau chapitre. Y’a pas à dire, les Guardiens de la Galaxie ont bouleversé la façon de concevoir les films de super-héros, chez Marvel comme chez DC (qui s’en sort nettement moins bien), et c’est tant mieux!
Mais le film de super-héros qui m’a sans doute le plus bluffée, cette année, vient d’Italie. A mi-chemin entre le Chronicle de Max Landis et l’univers de Tarantino, avec une petite pointe de Sailor & Lula, Lo chiamavano Jeeg Robot est un bijou transalpin. Espérons que le prochain opus de Gabriele Mainetti franchira lui aussi nos frontières.
Puisque c’est un de mes genres favoris, n’oublions pas le rayon film d’horreur. Il nous a offert quelques pépites au sein d’un millésime consternant. The Jane Doe Identity est sans conteste le plus malin, en terme de scénario comme de mise en scène, il m’a bien fait frissonner, mais pas autant qu’Annabelle creation. Encore un exemple d’une suite qui surpasse, de loin, l’opus initial. Et s’il n’est pas réellement effrayant It est un bel hommage au cinéma des 80’s, à l’oeuvre de Stephen King, et nous offre une magnifique galerie de personnages.
Les déceptions (et coups de gueule):
Elles sont nombreuses, cette année. Tellement nombreuses que je ne citerai que les marquantes.
Qu’il est douloureux, quand on adore un(e) cinéaste de rester sur le bord de la route. Que j’aurais aimé voir cette adaptation de Fairyland que devait porter Sofia Coppola à l’écran, ou même cette version live de La Petite Sirène, qui aurait pu avoir de la gueule. Quelle déception d’apprendre qu’elle s’attelait à un remake, d’autant que je voue un culte au film de Don Siegel. Mais il y a eu Cannes, le prix de la mise en scène, toute la campagne de promo dithyrambique et puis Sofia Coppola quoi. Mais au final, The beguiled est une grosse déception, un paresseux copié-collé de l’oeuvre initiale. Et quand on parle de « version féministe », de « récit cette fois-ci du point de vue des personnages féminins », je ris (vert): des personnages, dans ce film, il n’y en a pas, ou si peu, ils ont l’épaisseur de papier cigarette. Miss Coppola aurait du s’attacher les services d’un(e) vrai(e) scénariste sur ce coup-là.
Autre cinéaste que j’adore, autre énorme déconfiture, devant The lost city of Z de James Gray, l’un des films les plus chiants qu’il m’ait été donné de voir. Par manque de scénario et de personnages, là encore. C’est pas pour être méchante, mais j’ai été tellement soulagée quand les héros meurent: ma propre agonie de spectatrice s’achevait aussi. 😉
S’il est un cinéaste avec lequel le divorce est consommé, c’est bien Darren Aronofsky. J’avais déjà détesté Black Swan, mais Mother! est une purge. Cette interminable séance de branlette mystico-psychanalytique est encore plus pénible pour le public que pour l’héroïne. J’aurais aimé quitter la salle en pleine séance (ce qui ne m’est jamais arrivé) mais je ne voulais pas déranger toute une rangée de spectateurs.
Autre film qui m’a dérangée, Las hijas de Abri de Michel Franco. Il débute en émotion et subtilité pour virer dans une glauquitude crasse et gratuite. Je suis TRES loin de militer pour que les sujets dits féminins ne soient traités que par des femmes. Mais là, sérieusement, on pourrait taxer le cinéaste d’irresponsabilité, voire de misogynie.
Skull island enfin. Est-ce qu’on en parle? Casting trois étoiles, budget indécent, mais manifestement pas assez de sous pour financer l’écriture d’un scénario…
Et la palme d’or du Nanar…
Goes to ex-aequo, King Arthur: Legend of the Sword, Valérian et la Cité des Mille Planètes et Atomic Blonde. Leurs points communs: mégalomanie de la mise en scène, absence de scénario et caractérisation, acteurs en roue libre, mauvais goût de l’image (à l’exception d’Atomic Blonde qui pour le coup bénéficie des services d’un super DP). Le genre de films qui donnent envie de se suicider, ou presque. 😉
Voilà, la liste n’est pas exhaustive, j’ai vu PLEIN d’autres films, notamment de très beaux films français donc, mais voici ceux qui m’ont marquée, en bien ou en mal. Il me reste à voir Lucky et The Florida Project avant d’attaquer le millésime 2018.
Copyright©Nathalie Lenoir 2017